Une technique de piège à idée que j’affectionne, c’est celle qui consiste à dessiner justement, sans idée .
Il faut de bonnes conditions et de bonnes dispositions.
Les matériaux du piège sont simples. Un carnet à dessin, (le moins cher possible – un bloc sténo par exemple), des outils qu’on aime bien, qui sont bon marché, mais qui n’autorisent pas le repentir ( il ne s’agit pas ici de faire bien ou beau ou de réussir quelque chose); et du temps à perdre.
Pour mes dessins sur le « vaste monde », j’ai opté pour l’encre de chine, le lavis et deux ou trois pinceaux. Au début, c’était le rötring, mais entre temps, j’ ai regardé d’un peu plus près la peinture chinoise.
Et maintenant, comment ça fonctionne…
La feuille blanche… Et puis un trait, puis une tache, puis un autre trait et ça devient quelque chose: de l’eau, des roseaux… ( on se moque si c’est pas bien, c’est juste comme ça… Il faut un trait en haut, hop! un trait en haut, du coup c’est trop vide à droite, hop! on fait un truc à droite…) C’est l’image qui se construit toute seule, il faut juste être attentif à ce qu’il advient, se laisser aller à son intuition… Et puis, c’est fini. On est, quelque fois, étonné du résultat. Souvent c’est pas terrible, mais lorsqu’il surgit l’inattendu, c’est vraiment bien. On a même l’impression d’être devant le dessin de quelqu’un d’autre.
Curieusement, j’ai eu le besoin de compléter ces dessins de petites phrases. Elle s’écrivent de la même façon, un mot en appelant un autre, sans que je sache ce qu’elles veulent vraiment dire. ( La vieille chine à dû se rappeler à moi de cette façon aussi)
Rien n’est original dans tout ça. Les surréalistes adoraient ce genre de piège.