Archives mensuelles : mars 2016

RING

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RING

 

TROISIÈME ROUND

 

 

Pour en finir avec le contexte :

Où s’arrête la ville ? Où en sont les limites ?

Elle se déploie en anneaux à partir du promontoire rocheux où trônent encore d’antiques vestiges, comme le font les ondes à la surface de l’eau après l’impact. Aux quartiers extra-muros succèdent des secteurs intermédiaires puis les zones périphériques jusqu’aux espaces des confins, comme si les éléments urbain s’amalgamaient d’eux même, mus par quelque loi centripète inexpliquée... Mais qui se soucie vraiment du territoire ?

À l’origine, se dressait la muraille cernant le centre ancien. Elle aurait certainement disparu sans l’avènement d’un nouveau matériau de construction rendant inutile le démembrement de ses pierres. Lorsqu’il fut décidé que la course serait plus spectaculaire si elle se déroulait sur une piste étroite, irrégulière et surélevée, la vielle enceinte fut, sinon restaurée, mais rendue praticable à la compétition. Les brèches furent colmatées avec le nouvel agrégat, des passerelles tendues entre les béances et des pans entiers de mur reconstruits pour permettre les jonctions. Ces nouveaux murs n’avaient rien de commun avec les anciens mais ils comblaient les vides, étaient solides et parfaitement étudiés pour accueillir la compétition. L’authenticité historique, qui s’en soucie ?

On annonce le trentième Ring de la troisième Ère, mais qui tient les comptes, qui était présent pour le premier ? L’histoire ne tient plus que dans les souvenirs d’une existence. Ainsi cette cité est à l’image du mur : un agrégat construit sur des vestiges urbains, sur des bribes de mémoires, un aggloméra de quartiers, de peuples et de lieux. Elle n’a pas de limite et elle est hors du temps. Le vieil anneau de pierre qui circonscrit son centre et l’événement qui s’y déroule suffit à sa cohésion. Plus qu’une protection contre un ennemi oublié, c’est de la dissolution dans l’espace et le temps que l’antique muraille préserve.

… Et terminons l’histoire :

RING

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TROIS

 

 

 

 

Les marches de l’antique escalier sont larges mais irrégulières et mal entretenues. La rampe rouillée qui le divise sur sa longueur est un précieux secours pour soulager ma cheville. Le retour sera plus facile car je solliciterais moins le tendon estropié. Ce passage relie directement les rues conduisant au bas du massif rocheux qui perturbe tant les communications entre la tour Nord et la place Haute. La descente est un peu douloureuse mais rapide. Je serais de retour avant le départ du 30ème Ring et je partagerai l’événement avec Komer, je répondrai à ses questions, j’expliquerais les différentes fonctions des protects, je lui exposerai les différentes stratégies de course, je donnerai tous les détails… Bien sûr, ça ne comblera pas ces longue années d’abandon, ça n’excusera rien, mais au moins, ça donnera un sens, un contenu à cette absence… Bah, tout ça c’est du baratin, je le sais bien. Toutes ces années de reniement pour un commentaire éclairé du Ring, foutaise ! Je suis toujours vivant. Ça devrait me suffire. Je me suis hissé sein l’élite de la cité. Je n’ai pas à justifier quoi que ce soit, ça s’est fait comme ça, ma vie, la sienne. J’ai survécu au Ring, c’est beaucoup.

Je rejoins une rue transversale au bas de l’escalier et j’aperçois, au bout de la rue, le contrefort de la tour Nord. Je dois être dans le quartier U. Les limites des quartiers sont assez floues dans ce secteur. Je ne rencontrerai personne ici, car chacun s’impatiente sur les gradins extra-muros ou se presse sur les balcons des bâtiments riverains à la muraille. L’ombre a déjà englouti le bas des immeubles mais le haut des façades ouest reste vivement éclairé par le soleil. Komer parlerait de flamboiement, d’incendie, d’ultime agonie des couleurs, de choses dans ce genres, mais ce n ‘est que le crépuscule qui s’annonce. Bientôt, les coureurs s’élanceront dans la pénombre du soir, puis les projecteurs lanceront leur faisceau, la muraille s’illuminera et les protects resplendiront. Dommage que le vent soit annoncé, j’imagine l’enthousiasme de Komer devant les nuages de poussière absorbant les rayons, jouant avec les lueurs, modelant les reflets. Que verrait-elle, alors ? Que dirait-elle ?Aucune vidéo-diffusion ne peut rendre compte des sensations que l’on éprouve devant ces distorsions lumineuses, il faut y être. Mais il y aura d’autres Rings, et nous vivrons ces moments ensemble. Oui, il nous reste du temps, maintenant.

La porte Nord est un passage creusé dans un éperon rocheux qui se détachant du massif. Une tour carré assez haute et encore en bon état, épaule cet éperon et permet la jonction avec la falaise. Le chemin de ronde de la muraille traverse la tour par deux étroites portes en enfilade, puis se prolonge au dessus du passage sur un structure maçonnée. Il contourne ensuite la falaise par l’extérieur, en suivant l’inclinaison en pente douce du mur, pour escalader le massif grâce à des degrés taillés à même le roc. Autrefois, aucune protection n’amortissait les chutes des coureurs. Il valait mieux éviter les contacts ici, car ceux qui tombaient ne se relevaient jamais. Maintenant, des filets ont été installés en contre-bas, cela limite les pertes. Je pense aux pertes financières bien sûr. Les quartiers dépensent des fortunes pour nous, notre formation, notre équipement et tout ça…

La monnaie, toujours la monnaie, elle nous ramollit, brouille sens de la course, détourne la vérité du Ring. Nous courons contre la mort. Nous tournons avec elle, nous la voyons devant, nous la sentons derrière. La vie, la mort, pas de demi-mesure… Mais, monnaie, monnaie…

Quatre gardes civils sont en faction au abord de la porte et interdisent le passage. Ils interdisent toutes tentatives d’intrusion sur le chemin de ronde. Ce n’est pas une forte contrainte car cette porte donne sur des artères secondaires de la ville et n’est d’ailleurs pas assez large pour permettre une circulation de masse. La muraille appartient aux coureurs, uniquement aux coureurs et aux juges éventuellement. J’espère que je n’aurais pas à me poster sur la tour pour remédier aux dysfonctionnement techniques. Non, je règle le problème et je rejoins la tribune. À la rigueur, je laisse mon Argos pour prévenir de nouvelles défaillances. D’ailleurs, où est-il, celui là ?

Me voyant arriver, les gardes échangent quelques regards. Puis l’un d’eux- un gradé d’après les insignes sur ses épaulettes- se détache du groupe pour s’avancer vers moi. Il m’adresse le salut conventionnel en claquant les talons de ses botes puis se présente dans les règles en demandant en quoi il pourait m’être utile. Puis, brusquement, il se détend :

–  Ho, mais vous êtes Akkkil ! Le vainqueur du Ring !

Mon visage reste encore dans les mémoires, mais c’est ma tenue officielle et la plaque d’or qui bat ma poitrine qui ont imposé le respect. Elles l’imposeront toujours, alors que mon nom sera effacé des souvenirs. J’ai gagné mon rang.

–  Vous dézinguez mes drones-arbitres, chef !

Le garde paraît sincèrement désolé. Il baisse les yeux et tourne la tête vers un débris de ferraille noircie, abandonné au pied de la muraille.

–  Sincèrement navré, lamentable erreur… Vous savez, ce drone volait anormalement bas…

–  La norme, c’est moi qui la décide !

Je suis brutal. Il le faut. C’est la marque du pouvoir. Et puis je n’aime pas l’attitude de ce garde, son regard fuyant, son admiration flagorneuse.

–  J’ai perdu le contact avec deux autres drones, y seriez-vous pour quelque chose ?

–  Deux autres drones ? Master, on peut se tromper une fois, mais deux autres drones !

–  J’imagine que mon assistant vous a déjà posé ces questions…

–  Oui, oui, votre assistant, bien sûr… … Il m’a informé que vous aviez quelques problèmes techniques… Votre relais, je crois… Mais il vous a contacté, n’est-ce pas ?

–  Je n’ai plus aucune communication avec votre secteur, ni avec les drones, ni avec les caméras fixes, sans parler de mon Argos.

Le garde esquisse un mouvement de tête en direction du sommet de la tour.

–  Il est la haut Master. Il s’occupe d’arranger ça

Le sommet de la tour reste encore baigné d’un liseré de lumière. Ma position ne me permet pas de vérifier si quelqu’un s’affaire au près du relais défectueux.

–  Je connais votre Argos, on vient du même secteur. C’est un bon, vous savez, il aura vite trouvé le truc. Ne vous en faites pas, c’est souvent qu’il y a des problèmes de liaison ici. Le rocher, voyez, c’est ce foutu rocher…

Et en plus il me fait la leçon, fucklé de garde !

–  Bien, je le rejoins, nous verrons ça ensemble, évitons les intermédiaires.

–  Comme vous voulez, Master. Mais c’est une question de minutes, vous feriez mieux de rejoindre les tribunes.

Sur le Ring, je te massacre ! Est-ce que tu perçois ta mort dans mon regard ? Oui, tu as dû la ressentir car ta belle arrogance  disparait.

–  Nous avons condamné le rez-de-chaussé, Master, le règlement… Il faut prendre les escaliers extérieurs…

Tu me barres le passage, je ne te contournerai pas, tu t’écarteras.

–  C’est précisément ce que je voulais faire. Laissez-moi passer.

Je gravis rapidement les vieux degrés de pierre qui conduisent au chemin de ronde. Je me souviens combien l’ ascension des marches était pénible sous le poids du protect. J’entends de plus en plus nettement, le brouhaha de la foule massée de l’autre côté du mur et la voix du commentateur qui annonce arrivée du premier Trium sur la place Haute. Je jette un dernier regard vers la rue que je viens de quitter, les gardes m’observent. Plus loin, je crois discerner un autre tas de ferraille noircie, je n’en distingue pas bien les couleurs épargnées. Non, ils n’auraient pas abattu tous mes drones !

Un air frais s’infiltre dans ma barbe dès que j’atteins le chemin de ronde. Le vent déjà ? Mais il reste encore très faible, insuffisant pour perturber un nuage de poussière, surtout si des dispositifs ont été installés pour le stabiliser.

Je n’avais pas remarqué, lors de mes précédentes visites inspections, le revêtement sableux répandu sur les dalles. Il masque les portions où stagne la poussière. C’est certain maintenant, il y aura la poussière ! La foulée des premiers coureurs la fera surgir du sable et le nuage se formera. Ces longs tuyaux, de par et d’autre de la piste, constituent certainement le fameux système de stabilisation.

Je gravis les dernières marches et soudain le spectacle du Ring m’assaille. Devant moi s’étire la longue muraille. Comme un réplique, la foule massée sur les gradins extérieurs forme une nouvelle enceinte de chair, braillante, gesticulante. Et puis ce sont les images, multipliées, démultipliées sur les murs, les façades ; et les voix ; les cris ; la nuit ; les lumières…

C’est alors que je me vois.

Là bas, au bout de la piste, j’émerge du nuage de poussière. Je cours vers la dernière tour du Ring. La tour devant laquelle je me trouve maintenant, abrité des regards par un reste de créneau, tournant le dos à l’étroite poterne permettant au chemin de ronde de traverser la tour puis d’enjamber la porte Nord, avant l’ascension du rocher. Ektor me précède. C’est l’ultime boucle, la dernière tour, la victoire n’est qu’à quelques longueurs.

Nous avons accéléré car les Orvets sont à nos trousses. Ils ne nous rattraperont pas si nous maintenons cette cadence. Ils espèrent que leurs Indés embusqués dans la tour, nous stopperont. Mais nous sommes prévenus, nos Rapporteurs sont efficaces. Ektor dégagera la voie. Derrière nous, déjà loin, mon Défenseur est à la peine. Le rythme est trop rapide et nous le distançons. Je ne pourrai pas l’aider s’il est rejoint. Il les ralentira autant que possible, puis il se dégagera lui-même en sautant dans un filet. Il en a assez fait. Mais, il est trop fier, trop vaniteux, je le vois, assailli par un Voltigeur puis rejoint par un Finisseur. Saute ! Fucklé, Saute ! Le premier coup le met à genoux, le deuxième éclate son casque, le troisième l’éjecte de la piste. Il chute. Son corps se plie sur le montant métallique d’un filet, puis bascule au pied de la muraille. Du sang ! du sang ! Le Ring dévore les meilleurs de ses fils !

Les deux Indés n’ont pu retenir Ektor dans la tour. Ils sont, maintenant, pris en étau entre lui et moi. J’accours avec tout la fureur de ma détermination. Ils hésitent. On ne réfléchit pas sur le dos du Ring, on suit son instinct animal. Je me vois, moi, courant sur son échine de pierre, avec toute ma rage au bout de mes deux poings, tendu comme un bélier. J’entends le craquement d’un protect. Sur les pointes de mes gantelets : un mélange de fer, de tissus et de chair. Je vois l’Indé s’écrouler, les mains crispées sur ses viscères, puis rouler dans le vide.

La piste est dégagée…

Une voix me ramène brutalement dans le présent:

–  Méfie-toi des souvenirs Akkkil, ils s’habillent souvent de rancœur…

Je me retourne.

–  Toi ?

work without progress

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Voici un pastel qui s’est étalé sur 2 ou 3 années, abandonnée et puis reprise parce que j’en avais assez de la voir trainer dans mes cartons. Ce qui me perturbais c’est le rapport coloré entre le premier plan sombre et l’arrière plan lumineux.

Bien sur il y a un travail de composition. Mais je ne suis pas satisfait du premier plan. Peut-être aurais-je dû oser foncer vraiment le 1er plan....

Bien sur, il y a un travail de composition. Mais je ne suis pas satisfait du premier plan. Peut-être aurais-je dû oser foncer vraiment le 1er plan…. Ou aller vers les verts plutôt que sur les bleus, mais à chaque tentative, je retombais sur ces couleurs…

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DEUX

 

 

–  Oooooooh ! Ooooorvet ! Entendez les admirateurs du secteur O ! Citoyennes, citoyens. Oh, mais ça s’échauffe dans le public. Du calme mes amis, c’est une fête.

La camera s’ est éloigné du cortège qui défile pompeusement. Elle filme, par dessus les barrières de sécurité, les affrontements entre deux groupes de supporteurs surexcités. Soudain : un projectile. L’écran devient noir, juste une seconde puis l’image apparaît à nouveau sous un angle de vue différent. À peine s’est-on rendu compte de l’incident et je me dis qu’ils sont sacrément efficaces pour régler les problèmes. Moi, je n’ai toujours aucun visuel sur la tour Nord. J’y ai pourtant dépêché un assistant. Il devrait être sur les lieux maintenant, c’est pas si loin.

–  C’est eux qui étaient tout à l’heure, dans le quartier O. Tu as vu ? Ils ont ces gigantesques cymbales, t’entends le boucan que ça fait ? Et puis leur affreux serpents ! Hou !…Hou !…

–  Orvet, Komer, orvet, c’est plus petit… Et puis, soit un peu plus discrète. Laisse ça pour ceux des gradins d’en dessous. Tu le sais : nous devons rester neutres.

–  Ho ! C’est toi l’Argosmaster, pas moi !

–  Oui, mais tu es sur ma tribune, alors, s’il te plaît.

–  Oc, oc, c’est Ta tribune… fait-elle résignée.

Pourquoi suis-je aussi maladroit ? Ne resterais-je qu’un vieux guerrier brutal, incapable de nuance ? Bien sûr qu’il fallait qu’elle l’entende. Mais c’est son premier Ring, sa jeune tête est encore bourrée de propagande, d’idées simplistes. J’ai été comme ça moi aussi… Dire que la plupart en reste là :son secteur, son quartier, son cadre, ses limites, chacun à sa bonne place, meilleure que celle du voisin puisque c’est la sienne… Un Argosmaster se doit d’être au dessus des quartiers et sans attaches. C’est un juge impartial et solitaire. Garant du Ring. Le Ring est ce qui nous lie, c’est ce qui fait qu’on se supporte et que tout tourne rond. Je ne suis pas vraiment solitaire. Je ne le suis plus. Ils n’ont pas été regardant la dessus pour me nommer à ce poste, heureusement.

Je m’impatiente, je laisse Komer restreindre son enthousiasme et me glisse derrière mon autre adjoint. Les tribunes des Argos sont assez étroites, elle ne sont pas prévues pour travailler ainsi groupé, mais elles dominent la place haute et constituent le point de vue idéal pour assister au départ de la course et aux cérémonies de clôture. Ceux qui attendent sur les gradins au dessous de nous, sont encore plus serrés et ont payé cher pour cela.

Je m’appuie sur le dossier du siège de mon dernier assistant. J’ai dû me lever pour regarder par dessus ses épaules et bien que cette position soit inconfortable, j’ai une vision plus nette des images transmises sur la dizaine d’écrans qu’il contrôle de son pupitre.

– Ça revient toujours pas, Master. Toujours noir… Et puis, aucun contact avec les drones sur place, comme s’ils n’existaient plus, comme si on nous les avait dézingués.

–  Tous les quatre en même temps ? Non, impossible, et puis les caméras fixes… Ton secteur et juste à côté, envoie un de tes drones

–  Et que vois-je se former sous la porte Sud ? Oui, au bout de l’avenue ? Le fameux mille-patte du secteur U ! Deux fois vainqueur du Ring eux aussi, il y a longtemps mais ce pourrait être son grand retour, au mille-patte ! IUh ! IUh ! IUUUUUUUUUle !

Komer délaisse un instant le spectacle diffusé sur les façades et me regarde d’un air grave

–  Tu crois qu’il y aura la poussière ? Certains disent qu’il y en aura pas ?

–  Il devrait y avoir du vent. Alors la poussière, je ne crois pas…

–  Mais, il paraît qu’ils ont trouvé un moyen de la stabiliser.

–  J’ai entendu ça, je ne suis pas sûr que ça soit bien au point.Tu sais, je ne fais pas encore parti du conseil, je n’en sais pas plus que toi…

–  Mais quand même, le 30eme Ring sans la poussière !

–  Écoute, tu ne sais pas ce que c’est : la poussière, s’il y a du vent, c’est trop dangereux !

J’ai été trop tranchant. Encore une fois. Komer me fixe un instant d’un regard étonné, elle comprend que les variables du spectacle ne sont pas mes préoccupations immédiates, puis tourne la tête vers les écrans géants. Ce n’est pas de cette façon que je me rapprocherais d’elle. Cette panne joue sur mes nerfs. Où est la fameuse maîtrise de soi qui faisait ma force sur le Ring ? Je ne manœuvre pas les mêmes armes . Où sont les pointes-dagues de mes épaulières et les lames de mes gantelets ? Je n’ai qu’écrans, drones et caméra… Technologie… Et c’est mon premier Ring d’arbitrage !

–  Master, j’ai la tour en visuel. Je me rapproche.

–  Maintient une bonne distance, je ne voudrais pas perdre le contact avec ce drone aussi… Voyons… Tout à l’air correct . Les gradins extra-muros sont déjà pleins à craquer. Les gardes civils contrôlent le passage de la porte… Oc… Passe intra-muros, voir si tout est en ordre de l’autre côté.

–  Oc, je suis un peu trop haut. Je redescend…

–  Là, dis-moi : c’est ton collègue, l’Argos que j’ai envoyé tout à l’heure ?

–  Oui, on dirait bien, Master. Je m’approche… c’est bien lui, il a l’air de parlementer avec un garde. Ils ont pas l’air d’être d’accord, on dirait.

–  Met-moi en contact avec lui, il faut que sache ce qu’il y a.

–  Oc, voilà… Regardez : il reçoit l’appel, il prend son talkie… Hé, mais l’autre, l’autre garde nous met en joue !

Brusquement, l’écran devient noir. Nous restons consterné devant ce rectangle mort. D’autant plus mort que les écrans voisins, sont animés de multiples agitations colorés et festives. Seul un grésillement demeure encore avant qu’un craquement sinistre ne mette fin à tout contact.

–  Fucklé ! Mets- moi en contact avec l’Ordonnateur de la Garde Civile.Vite !

L’écran s’éclaire à nouveau sur un visage maigre et sévère, assombri par la visière d’une casquette d’officier de la Garde Civile.

–  Ordonnateur, oui, parlez ! Ho, mais c’est vous Akkkil !

Aussitôt, un fin sourire adouci cette austérité fonctionnelle.

–  Comment allez-vous ? Je vois que vous avez adopté la barbe qui sied à votre nouvelle charge, mais nous reconnaîtrons toujours notre champion .

L’Ordonnateur s’adresse à moi comme si nous nous étions quitté la veille, cette familiarité me surprend mais me rassure : maintenant, je suis de leur monde. Je ne l’avais pas revu depuis la cérémonie d’introduction dans le corps des Argosmasters. Il n’avait cesser de commenter, avec force détails, les stratégies que j’avais développées pour éliminer mes adversaires. Il admirait surtout comment j’avais su utiliser mon Voltigeur pour dégager la piste jusqu’à la victoire. Je me gardais bien de lui révéler la part d’improvisation et de hasard, ni le dévouement et l’abnégation d’Ektor. Mais l’Ordonnateur est un vieux raseur et dire qu’il me parle de barbe…

Je ne m’embarrasse pas de formalité :

–  Voilà : J’ai un problème avec vos gars sur la porte Nord. Ils dézinguent mes drones…

–  Comment cela, vous êtes sûr ?

–  Écoutez, avant d’être abattu,notre drone à filmé un garde le mettre en joue et tirer.

L’ordonnateur s’excuse et s’écarte du champ de la caméra puis réapparaît quelques secondes plus tard.

–  Effectivement, un garde à tiré sur un de vos drones. J’en suis vraiment désolé. Vous savez, ils ont pour consigne de supprimer tous drones suspects. Vous avez entendu parler des paris sur les nuages de poussière ?

–  Ridicule, il y aura du vent, il n’y aura pas de poussière.

–  En êtes-vous si sûr, pas de poussière pour le 30eme Ring ?… Bref, il s’agit de savoir dans quelles zones ces nuages seront soulevés. Aussi, certains n’hésitent pas à guider des drones sur le mur pour détecter des indices. Les enjeux sont élevés, vous savez. Votre drone a été pris pour un de ces drones espions. Désolé, vraiment.

–  Pourtant les couleurs de nos drones sont facilement reconnaissables.

–  Oui, et soyez sûr que ce garde aura de mes nouvelles, mais votre drone volait anormalement bas. A ce stade de la compétition, ce n’est pas habituel, il aura pensé qu’un drone espion se faisait passer pour l’un des vôtres. Vraiment, je vous fait une nouvelles fois mes sincères excuses , ce sont des choses qui arrivent, vous verrez.

Autrement dis : tu débutes, t’y connais rien, fous-nous la paix.

–  Un autre soucis, cher Akkkil ?

Lui parler des altercations avec mon Argos et lui avouer mes ennuis technologiques ? Lui laisser supposer des incompétences ? Je le remercie pour ses précieux conseils et coupe court à la conversation.

Pas question de sacrifier un nouveau drone ni de dépêcher mon ultime assistant, d’ailleurs le premier est peut-être en train de résoudre le problème. La place Haute s’adosse au promontoire rocheux qui surplombe la ville et nous avons dû installer un relais amplificateur sur la tour pour contourner l’obstacle. Les défaillances viennent certainement de là.

La voix du commentateur raisonne comme un compte à rebours :

–  Et maintenant, chers amis, entendez-vous ? Prêtez l’oreille ! Ce crissement stridents, vous le reconnaissez ? Les voix terribles des grillons du quartier Q ! Combien ont-ils aligné de crécelles pour cette parade ? J’ai dû mal à compter les joueurs :15…20… 25…

Le cortège des Indés va bientôt déboucher sur la place et se mettre en ordre pour la cérémonie d’ouverture. Il sera alors difficile de rejoindre la tour. Attendre  ? Il y a trop d’incertitudes. Je dois aller la bas. Voir. Régler le problème et revenir.

Komer est toujours debout appuyée sur la rampe du garde-corps. Elle guette l’apparition de la tête du défilé dans l’étroit goulot donnant accès à la place Haute. Son enthousiasme semble contenu, boude t-elle ? Je voudrais rattraper mes maladresses de tout à l’heure, me justifier en quelque sorte mais sans l’inquiéter outre mesure. Je m’approche d’elle.

–  Komer, Nous avons quelques soucis techniques, je dois m’occuper de ça. Je vais te laisser.

–  Mais, ils seront bientôt là, et la cérémonie…

–  Je ne serais pas long, jusque quelques détails à régler, je serais de retour avant le départ. Et surtout tu ne bouges pas d’ici, tu restes avec mes assistants, veille à ce qu’ils fassent bien le job. Oc ?

–  Oc, fait -elle avec un sourire en coin semblant dire : « Pas la peine de me parler comme une gamine, je suis plus une enfant. »

Je donne quelques consignes à l’Argos assistant et quitte la tribune. Avant de disparaître derrière les marches qui conduisent aux bas des tribunes, j’adresse un dernier salut à Komer qui me le rend aussitôt, en agitant discrètement la main. Je m’éloigne soulagé, presque heureux.

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AKKKIL

 

Au boulot Thomas...

Au boulot Thomas…

 

 UN

 

 

–  Père, Père ! Quelle foule, c’est incroyable !

La voix enthousiaste de Komer me fait sursauter. Je vérifiais, par dessus l’épaule d’un de mes deux assistants, la fiabilité des connexions avec les drones et caméras de surveillance de la partie de Ring dont j’avais la charge. Il m’informait de parasites fâcheux perturbant la réception des images au niveau de la porte Nord, porte d’importance s’il en est, car la tour qui la domine est la dernière du parcours, le dernier espace fermé avant l’arrivée. Mais tout semblait maintenant rentrer dans l’ordre.
J’indique, en tapotant l’assise du plat de la main, un siège vacant non loin des pupitres de contrôle.

–  Ah ! Komer, te voilà, je m’inquiétais. Assieds-toi là. Pas facile de circuler, hein ?
–  Ça grouille de monde, ça vient de partout, fait-elle très excitée. On a dû passer par les rues secondaires. On a traversé le quartier Q et puis le O. J’étais pas trop tranquille car il ne nous aime pas trop, nous, du quartier K.
–  Bah, je pense qu’ils ont autre chose à penser.
–  Oh, oui c’est sûr ! Ils formaient leur cortège dans le O. Du jaune, du vert, avec cet affreux serpent sur leurs bannières.
–  C’est un orvet Komer, pas un serpent.
–  Oc, un orvet. Et puis il y avait les tambours et tout ça. Pâkis était là, heureusement qu’il m’a guidé.

Pâkis, le dévoué Pâkis. Nous aurions pu être ennemis. Nous avions les mêmes ambitions mais il n’y a qu’un seul Finisseur dans un Trium et un seul Trium par quartier sur le Ring. Le destin s’en est mêlé, on ne peut pas courir avec des poumons en lambeaux. Ni avec une cheville en miette d’ailleurs, mais moi, j’ai eu du temps avant… Et puis, jamais ils n’auraient désigné un Finisseur issu des des zones périphériques . Mais ça, il ne le savait pas.
Pâkis ne monte pas jusqu’à la tribune des Argos, il m’adresse un rapide salut au bas des marches et s’éloigne. Il est temps qu’il rejoigne son poste de Rapporteur.
Komer ne tient pas en place. À peine a t-elle effleuré l’assise du siège que déjà elle se lève et trépigne comme un enfant qu’elle n’est déjà plus. Je suis émerveillé de voir à quelle vitesse elle grandit. Je l’ai délaissé si longtemps. Elle a conservé la coupe austère de ses cheveux . Cette coupe carrée imposée par l’institut qui la retenait loin de moi. Mais, j’aime ses courts cheveux noirs qui encadrent ses joues rosies par l’excitation et qui donnent au bleu profond de ses yeux cet éclat de vie que je m’efforce de conserver, moi, à grand renfort de collyre. Sans doute se plaît-elle ainsi car les établissements intra-muros qu’elle fréquente aujourd’hui, sont beaucoup moins rigoureux.
Un coureur du Ring ne doit pas avoir d’enfant, ne devrait pas. Je n’ai pas voulu Komer et je ne l’ai pas reconnue au début. Pourtant, maintenant, mes seuls regrets,cette amertume au profond de mon âme, c’est de l’avoir renié toutes ces années. Tout ce temps, ces jours, ces heures, ces minutes ont creusé cette distance entre-nous. Je me sens si démuni, maladroit. Il ne s’agit pas de régler la cohésion d’un Trium, d’allonger la foulée et d’augmenter le rythme des pas pour combler cet espace, ce retard. Pourra- t-on un jour se rejoindre vraiment ? Pâkis est certainement plus proche d’elle. Oui, il y a certainement Pâkis entre nous deux… Mais il s’effacera. Il a été un précieux secours lorsque sa mère est morte, mais il dégagera. Il me le doit. Sans moi il ne serait plus rien. Non, il n’y a rien entre-elle et lui, juste un accord, juste un marché.
Mon pied s’ankylose. Ces longues stations immobiles me sont pénibles. Quand pourrais-je me débarrasser de cette foutue atèle ? Est-ce que je pourrais courir à nouveau ? Ça ne serait plus pour un Ring, sûr !… Pourtant, celui-ci, j’aurais pu le gagner. J’en avais la force, je suis pas si vieux et j’avais un bon Trium… Trois victoires : exceptionnel ! Un autre K à mon nom, un K majuscule ! Bah !… Mais, peut-être que ce Ring aurait été le Ring de trop. Va savoir… Peut-être que ce jour serait celui de ma mort.
On croit maîtriser sa vie, mais on ne maîtrise rien. Foutaise, on prend ce qui vient, on fait ce qu’on peut. Rien n’est écrit, rien ne nous est destiné. J’aurais pu jouer ma vie aujourd’hui mais je ne joue qu’avec des écrans, des micros et des drones. Je regarde les autres courir, je les surveille, les contrôle. Fini les honneurs, la gloire et tout ça. On ne m’acclamera plus, je ne brandirai plus le cercle d’or… Mais je vis intra-muros avec l’élite, les notables, je suis Argosmaster, sacré compensation ! Ça fait passer les petites douleurs, ça fait taire les doutes, la rage et l’amertume. Les scrupules aussi.
Soudain, Komer bondit de son siège et désigne l’écran géant face aux tribunes d’honneur.

–  Ils arrivent, Père, Ils sont là !

Depuis la mi-journée, les images ont défilé sur les écrans. Il y en a toujours plus, installés sur les murs de la vieille enceinte ou aux carrefours des avenues, partout où le public se masse. Jusqu’à présent, il n’y avait que des images d’archive, des rediffusions de séquences mémorables. Ça passait en boucle, ponctué d’annonces publicitaires. Un fond d’images, un bruit de fond. Puis,une forte musique a signalé la fin des rediffusions, des images en direct de l’artère principale ont empli les écrans et la voix enthousiaste du commentateur a vibré dans les hauts parleurs :

–  Je déclare ouverte la grande parade des quartiers, pour le 30eme Ring, de la troisième ère ! 30, chiffre historique ! 3 chiffre magique ! Je pressens une course d’exception, citoyennes, citoyens, une course mythique !

–  Ils ont des drapeaux,regarde ! continue Komer. Mais je ne reconnais pas les quartiers.
–  Ce ne sont pas vraiment des drapeaux, ce sont des banderoles.

Komer est dressée sur la pointe des pieds et se penche en avant autant que lui permet le garde-corps de la tribune, comme si les quelques pouces gagnées permettaient une vue plus précise des images diffusées à l’autre bout de la place Haute.
La caméra se rapproche du cortège qui débouche au bas de l’avenue, s’attardant à montrer l’excitation des spectateurs et la progression martiale des premiers coureurs engagés sur la large voie, jouant avec les plans d’ensemble et les gros plans, révélant les slogans imprimés sur les plaques des protects et ceux illustrant les banderoles.

–  C’est le début du cortège, Komer. Ceux que tu vois sont des Indés. Tu sais, des indépendants. Les coureurs qui ne dépendent d’aucun quartier. Ils courent pour eux même et pour leurs sponsors.
–  Ha ! C’est pour ça que leur protect sont si bizarres avec toute ces couleurs. C’est bizarre mais c’est joli.
–  C’est de la publicité, faut que ça se voit. Pareil pour leur bannière, juste des banderoles publicitaires.

– 30 ! 30 ! Ils sont 30 ! Pour le 30eme Ring, nous avons voulu 30 coureurs indépendants ! Pas un de plus, pas un de moins ! Honneur, citoyens, honneur aux coureurs solitaires ! Le vainqueur est peut-être parmi-eux ! Car nous les avons voulu redoutables, notre sélection à été implacable !

– Tu vois, Komer, il faut de la monnaie pour s’inscrire, beaucoup. Les annonces ça sert à ça et même ça ne suffit pas toujours, certains s’endettent pas mal… La sélection, faut pas trop te fier à ce qu’ils racontent, la sélection c’est surtout par la monnaie… Et ils ne crachent pas sur celle des quartiers.

Komer détourne les yeux de l’écran et me fixe, perplexe. J’aime les deux petites fronces que font ses sourcils sur son front.

–  Alors, c’étaient des Indés qui s’entraînaient avec toi le jour où…
–  Oui, il y avait des Indés aussi… Les quartiers les recrutent pour qu’ils assistent le Trium, le renforce. Mais ce n’est pas officiel, ça se fait mais ça ne se dit pas. Il n’y a pas beaucoup d’indés qui ne courent pas pour un quartier, pour la monnaie, mais qui courent pour eux même, pour la gloire…
–  Tu…Tu reconnais ceux de notre secteur ? Continue t-elle hésitante.
–  Je ne suis plus dans course, Komer… Il faudrait qu’ils ôtent leurs casques ou que je connaissent leurs annonceurs. Que je connaissent leurs codes. Même s’ils m’ont nommé Argosmaster, je n’ai pas à avoir de relations particulières avec le Stadium K. C’est comme ça, on ne peux pas être juge et parti. Je ne fais plus partie du Stadium K… C’est fini maintenant.

Komer n’insiste pas. Elle craint de raviver des souvenirs douloureux. Je descelle tant de sensibilité chez elle. Il y en aura t-il assez pour nous rapprocher ? Les liens du sang, va savoir…
Je dois oublier, effacer l’accident de ma mémoire. L’accident… Mais, je les revois autour de moi, encore : Kairos, les dirigeants du Stadium. Je les entends toujours : mauvaise chute Akkkil. Quelle perte pour le quartier. Un coureur de ta trempe ! Je m’entend protester : c’était qu’un exercice! on m’a pas dégagé dans les règles ! il y a eu des incompétences, des fautes, il y a des responsabilités à assumer ! Et je m’entends soupirer, capituler si vite : Argosmaster, c’est votre proposition ? Bien sûr que ça m’intéresse. Résider Intra-muros, ma fille dans les meilleures institutions… Je les ai même senti surpris que je ne me batte si peu. Peut-être n’auraient-ils pas été aussi loin s’ils me connaissaient vraiment, s’il savaient ce qui me motive vraiment. La gloire, croyiez-vous ? L’honneur du secteur K ? Allons donc…
Il y a eu ce bruit strident dans le casque. Puis la chute. Non, ce n’est pas l’Indé qui m’a dégagé, ni la chute qui a sectionné mon tendon. Le coup est venu de derrière. Un coup trop violent pour un entraînement : le Néo ? Est-ce qu’un Néo aurait pu connaître le point faible de mon protect ? Alors Kulys ?… Kulys.
Tout à coup une clameur retenti dans les haut parleurs relayé par la voix du commentateur.

–  Les quartiers ! Les quartiers fait Komer en battant des mains.

–  Ils arrivent, ils sont là ! Nos quartiers, Notre cité, citoyennes, citoyens. Notre ville dans ce qu’elle a de plus beau, de plus grand, de plus admirable. Nos neuf quartiers, nos neuf glorieux quartiers ! Voilà les porte-étendard des vainqueurs qui s’avancent. Ils ont remporté le dernier Ring ! Elles sont là : les bannières flamboyantes du secteur K. Avec le fameux scarabée sang et or. Écoutez, citoyennes, citoyens, fiers habitants de notre république, écoutez leur chant, écoutez leur hymne. Ska ! Ska ! Skarabée ! Ka ! Ka ! secteur K !

Le rouge et de jaune envahissent l’écran. Ils se déploient sur les bannières que les porteurs jettent au dessus d’eux en d’improbable figures avant de s’en saisir pour un autre lancé. Ils ornent les costumes d’apparat des tambours et des joueurs de cor. Ils illuminent les luxueux caparaçons des quatre chevaux tirant le large char où paradent les coureurs engagé pour la 30eme course du Ring. Là où j’aurais dû être. Finisseur du Trium K.

–  Ka!ka ! Secteur !Ka ! fait Komer.

Son poing dressé en avant scande chaque syllabe. Conformément au rituel du quartier, elle garde les deux doigts des extrémités tendus, à l’image des mandibules de scarabée.

–  Ce n’est pas Ektor sur le char, c’est ça ?
–  Non, Ektor ne courra pas, Komer.

Non, ce n’est pas Ektor. Pourtant, c’est lui qui aurait dû être ma place. C’était le plus doué, le plus rapide, le plus agile. Il avait le Ring dans la peau, il sentait les choses avant qu’elles adviennent, une intuition rare. Intelligent, ouvert aux conseils, respectueux des aînés, de la hiérarchie, et cetera , cetera… Et des règles. Des règles… Elle ne sont pas toutes écrites, les règles, les lois. On ne verra jamais un vainqueur du Ring issus des zones périphériques, jamais. Ce n’est pas écrit ça. Ils peuvent nous faire croire ce qu’ils veulent, c’est un fait : c’est la situation qui compte, pas le mérite. Malheur aux naïfs… Il est tombé de haut, Ektor, de bien plus haut que moi. Il a compris maintenant, il a bien fait de se barrer de tout ce cirque. Rester Voltigeur et faire gagner Kulys, ultime humiliation ! Kulys Finisseur, quelle farce…

–  Master, master. On a perdu le visuel sur la porte Nord !
–  Fucklé !