Archives mensuelles : août 2020

MOYEN FORMAT

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Enfin! j’ai réussi à finir quelque chose au pastel. j’ai dû abandonner celui qui était sur mon chevalet depuis 2 mois, qui me posait des problème et sur lequel je m’obstinais. Là, je me contente de ce que je sais faire, mais au moins voilà quelque chose de fait.

c’est fait à partir de 2 photos trouvées sur un magazine: 1 le ciel 2 les lavandes, et ça donne une nouvelle image

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J’ôte enfin mes lunettes. Elle n’affichent plus que le décompte lancinant des secondes jusqu’à ma nouvelle vie – 14 minutes 14 secondes- Il y a un banc là bas, je m’y assois.

Ce sont les odeurs que je découvre en premier, toujours. Tout revient par les remugles. Ceux de la pisse s’exhalant de la poubelle crevée en face de moi et ceux, indéfinissablement âcres, de la ville confinée sous un ciel grumeleux.

Je masse l’arête de mon nez, meurtrie par le port prolongé des lunettes, et regarde les mimiques d’un gros type aux cheveux gris et gras, contemplant un objet invisible entre des doigts fébriles. Il ne porte pas de lunettes mais un modèle perfectionné de masque couvrant le haut du crane, beaucoup plus confortable et restituant bien mieux les couleurs et les textures, mais beaucoup plus cher. Puis, il redresse la tête, inspecte le parc d’un regard circulaire, et d’une jambe mal assurée, enfourche le vide, pour s’éloigner, en sautillant, par une allée contournant un vestige de rosier : mon assassin.

Mes jambes sont douloureuses. Combien d’heures ai-je marché ? Je reconnais ce parc, je suis dans les quartiers hauts de la ville. J’ai dû y accéder par l’escalier dont on devine la première marche éventrant le parapet de béton à ma gauche. Voilà donc la faille étroite que j’ai gravie. La vaste lande aux gentianes n’est qu’une morne place d’herbes piétinées. Je cherche ce qui fut le promontoire rocheux où je m’embusquais. Est-ce le banc même où je me repose ou bien les sculptures lépreuses de cette fontaine, là bas?

J’ai faim. Combien de temps ai-je jeûné ? Je fouille mon imper et trouve le reste d’un Mars – à moins que ce ne soit un Snickers, Agnès préférait les Snickers. Il a pris ses aises dans la poche et me colle doigts. Pourtant, il fait plutôt froid et humide. Peut-être a-t-il plu. Je frissonne et remonte mon col.

Je remets mes lunettes mais, derrière le défilement des chiffres sur le plexiglas – 2 minutes 36 secondes, 2 minutes 35 secondes – la morne image du parc persiste. Je dois changer de lieu. Ici, ne m’attendent que des dangers et il ne me reste qu’une vie. Il m’en faudrait d’autres, mais ça coûte un max.

Je ne peux plus compter sur Agnès… Agnès n’est plus de ce monde.

Je me lève et reprends l’escalier vers les quartiers bas.

10 secondes.

9 secondes.

8 secondes.

Dans quelques secondes, j’oublierai tout.

Je t’oublierai,

Agnès.